« Le nouveau, c’est l’actuel.

L’actuel n’est pas ce que nous sommes,

mais plutôt ce que nous devenons,

ce que nous sommes en train de devenir,

c’est-à-dire notre devenir- autre. »

La Parole Errante est le titre d’un livre d’Armand Gatti qui a donné son nom au lieu. Imaginer l’avenir de ce lieu ne revient pas à arracher les pages déjà écrites. Imaginer le futur, c’est continuer à écrire, ajouter de nouvelles pages. C’est actualiser les possibles qui ont émergé ces dix dernières années. Au seuil d’écrire une nouvelle page de l’histoire de ce lieu, nous devons réinvestir sa matérialité. Nous l’avons dit, la grande diversité d’événements et de publics qui se sont télescopés dans ce lieu pendant près de dix années en ont fait un espace de relais et de ressource pour les habitants de Montreuil et de la Seine-Saint-Denis. C’est cette dimension ouverte et collaborative de l’usage qu’il s’agit aujourd’hui de repenser au niveau le plus concret.

L'espace commun de la grande salle

La Grande Salle est le centre de notre projet. Elle est l’espace de l’échange, du croisement, de la rencontre, du partage, de l’activité visible et publique. Elle est l’espace du commun. C’est pourquoi, sa programmation, son financement et son fonctionnement feront l’objet d’une gestion collégiale regroupant des usagers permanents, réguliers et occasionnels, qui participeront au financement de son fonctionnement.

 

Quatre grands types d’usages et temporalités doivent en effet se coordonner :

 

Cette coordination des usages et des temporalités est selon nous la garantie de la richesse et de la diversité du lieu. Elle passe par deux innovations. La première concerne l’organisation du temps ou plutôt des temps qui structurent la vie du lieu.

 

Nous imaginons ainsi une procédure de réservation de la salle qui comprendrait trois modalités :

 

Les événements communs aux usagers du lieu (films, concerts, représentations théâtrales, lectures publiques...). Il s’agit, d’une part, de la diffusion des objets fabriqués à l’intérieur du lieu, et, d’autre part, d’événements organisés en soutien au lieu lui-même et/ ou de moments qui rendent visible la programmation et la vie du lieu.

 

Les initiatives, les créations et les événements portés par des usagers réguliers

(Festival Ta Parole, Foire à l’autogestion, festival de la CNT, représentations de la Compagnie NAJE, Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis, festival « Elles résistent »,Les Pépinières d’artistes européens, etc.). Il s’agit ici des rendez-vous qui se sont imposés depuis des années comme réguliers et auxquels s’est habituée une grande partie du public. S’ajouteront à ces événements existants les rendez-vous à venir issus des nouvelles propositions de programmation et des usagers futurs du lieu.

 

Les événements proposés occasionnellement. Il s’agit ici des événements qui se décident sur un court terme et parfois même au dernier moment, parce qu’ils répondent à une actualité particulière, ou à des besoins urgents. Cela peut aller d’une compagnie de théâtre en manque de lieu, à un concert de soutien ou une fête de solidarité organisée par une association montreuilloise, etc. Très peu de lieux permettent une telle fluidité d’accueil, c’est un besoin décisif aujourd’hui.

 

La location :

 

Dans le cadre d’événements « privés » (gala, rencontres et séminaires, événements liés à un lieu ou une association,...), l’espace pourra être proposé à la location, selon des modalités adaptées à chaque cas et en accord avec l’esprit du lieu.

 


La cantine populaire

Dans l’idée de construire un lieu accueillant et convivial, nous voulons créer une cantine populaire. Elle accueillera tous les usagers, les permanents comme ceux d’un soir. Elle accueillera aussi ceux qui vivent et travaillent dans le quartier. Elle sera suffisamment grande pour recevoir des petits concerts, des débats et des assemblées. Dans ce sens, elle sera un complément essentiel au café Michèle Firk dans sa fonction d’accueil et d’ouverture.


six espaces semi-ouverts coordonnés par les usagers permanents

Une autre dimension de l’usage correspond aux activités qui rythment quotidiennement la vie du lieu : le théâtre, la musique, le livre, le cinéma, etc. Chacune de ces activités a ses contraintes et ses nécessités propres et sera donc référée à un espace précis qui sera coordonné par l’un des collectifs porteurs de ce projet.

Le café-librairie               michèle firk

 L’espace de Michèle Firk est ouvert de manière fixe du mercredi au samedi de 15h à 20h, lors des soirées organisées par la librairie ou lors des grands événements se déroulant dans la grande salle de la Parole errante pour assurer l’accueil. On y vend des livres et des boissons, mais on peut également s’asseoir, lire, discuter, et faire un premier pas dans l’ensemble du lieu et de ses activités.

 

Donnant sur la rue, le café-librairie fait en effet office, depuis sa création au printemps 2012, de porte d’entrée du lieu. Et il est, dans le même temps, un point de croisement et de rencontre pour tous ceux qui travaillent dans les autres espaces. Cette double ouverture sur la ville et sur la vie interne du lieu a construit l’originalité de cet espace : à la fois librairie classique, lieu de création, centre documentaire ouvert, université populaire, bouquinerie, café convivial, salle de lecture ou de petits spectacles à l’occasion.

 

Dans l’année qui vient, le café-librairie souhaite développer l’espace café, et pense travailler en étroite collaboration avec la cantine populaire à venir.

 


LE CENTRE SOCIAL AUTOGÉRÉ

Pour accueillir et soutenir les démarches sociales, initiatives, réflexions des habitant-e-s du quartier et des usager-e-s, nous proposons la création d’un centre social autogéré. Il sera un lieu d’expérimentation et de recherche sur les pédagogies actives et l’éducation populaire, gratuit et ouvert à toutes et tous. Ce projet d’éducation populaire sera animé, en dehors de leur temps de travail, par des personnes de formations diverses : travailleurs-euses sociaux-ales, étudiant-e-s en sciences de l’éducation et en sciences sociales, psychologues, enseignant-e-s d’université, formateur-trices en travail social, animateurs-trices, artisan-e-s, musicien-n-e-s...

 

Tout en s’articulant autour de l’ensemble des activités de la Parole errante, il permettra la rencontre des personnes à travers :

 

• un espace d’accueil et d’aide juridique avec :

- une permanence d’écrivains publics

- une permanence d’accès aux droits

- une permanence dédiée aux personnes en souffrance psychique et à leurs proches

- un point d’information sur le planning familial

 

• un espace de créativité, de transmission et d’échange de savoirs avec :

- du soutien scolaire (de la primaire à l’université)

- des cours d’alphabétisation

- de l’initiation à l’informatique

- une ludothèque et un atelier de jeux coopératifs

- un atelier d’écriture

- un atelier philo/conte pour enfants

- une fanfare pour les plus petit-e-s

- un atelier d’initiation à la musique, jam, impro

- un atelier de création sonore (documentaires, reportages, fiction, bruitage)

- un atelier de gravure sur vinyles

 


Centre de création et de ressources audiovisuelles

Cet espace est situé au deuxième étage du bâtiment qui est à l’entrée de la Parole errante, au-dessus du café-librairie Michèle Firk et de la Classe-Relais. Au fil des années, des projets et des rencontres, le lieu s’est structuré et ouvert avec le souci de mutualiser différents outils nécessaires à la réalisation filmique et sonore. Il est et sera géré de façon collective par trois structures associatives Précipité, Ozho Naayé, l’Amorce, qui correspondent à deux collectifs de réalisation et une coopérative de diffusion.


Du point de vue matériel, le local se divise en trois espaces : une salle pour le montage des films, une salle pour le montage son, une salle de stockage pour le matériel audiovisuel.

 

Ce centre de création documentaire fonctionnera à l’avenir comme une structure de services, ouverte à l’usage et à l’entraide. Elle permettra aux structures présentes de mener à bien leurs projets de films ou de créations sonores. Elle accueillera toute une série de projets qui cherchent un espace d’échange, de collaboration et de travail. Il s’agira enfin de proposer des ateliers de réalisation et de formation qui pourront se dérouler à l’intérieur ou à l’extérieur du local.

 


la salle de musique

L’espace dévolu à la musique sera situé au premier étage de la Grande Salle, qui jouxte les ateliers de sérigraphie et de menuiserie. Cet espace sera divisé en deux pour accueillir dans sa partie gauche une salle de musique. Des travaux seront réalisés pour traiter l’acoustique et l’isolation. La salle de musique permettra le travail de répétition et d’enregistrement, mais pourra également accueillir des résidences et des ateliers. Surnatural Orchestra sera en charge de la faire vivre à travers ses activités et l’accueil d’autres musiciens.

 


La salle de théâtre

À droite de la salle de musique, au premier étage, un autre espace sera affecté au théâtre. Il fonctionnera sur le même principe que l’espace dédié à la musique. Il accueillera des ateliers, des compagnies en résidence, et des répétitions. Le collectif des metteurs en scène autour d’Armand Gatti et le groupe Topo seront en charge de le faire vivre à partir de l’accueil d’autres compagnies et leurs propres activités.


les ateliers de menuiserie et de sérigraphie

Ces deux espaces ont été créés en septembre 2013 suite à des travaux financés par le Conseil Général. Ils sont situés derrière la Grande Salle, au premier étage, à droite des espaces qui seront occupés par les salles de théâtre et de musique.

 

Géré par deux personnes, l’atelier de menuiserie est un espace de fabrication utile au fonctionnement du lieu. Il a construit et installé les bibliothèques et le bar de la librairie Michèle Firk, la bibliothèque des archives de la Parole errante située dans la Maison de l’Arbre. Il a construit régulièrement des estrades et des décors pour les représentations théâtrales, ainsi que du matériel d’exposition. Il sera un acteur clé des travaux de réaménagement du lieu.


L’atelier de sérigraphie est animé par trois personnes. Il a accueilli ces dernières années les élèves de la Classe-relais et s’est déplacé dans des lycées, des maisons d’arrêt, des centres d’hébergement. Il continuera d’assurer cette fonction d’articulation du dedans et du dehors.

 


La classe relais

Située au-dessus du café Michèle Firk, dans le même bâtiment, la Classe-relais est un des autres espaces déjà constitués et actifs dans le lieu. Ce dispositif a été créé par l’éducation nationale pour accueillir le temps d’une année scolaire des jeunes qui ont « décroché » du système. Appuyée sur deux enseignantes et un éducateur, l’idée est d’offrir sur la base du volontariat un espace d’accueil et un temps de réflexion. Les jeunes ne sont pas plus d’une dizaine et peuvent bénéficier de cours de remise à niveau. Au terme de l’année, l’idée est qu’ils puissent retourner dans le cycle scolaire ordinaire ou accéder à une formation.


La présence de cette structure au sein d’un centre de création culturelle répond à plusieurs enjeux. Pour les jeunes, les familles et l’équipe éducative, c’est un peu de distance prise avec l’espace scolaire. C’est aussi un formidable appui pour le travail éducatif à travers les possibilités d’ateliers offertes par le lieu, qu’il s’agisse de la découverte de la musique, de la littérature, du théâtre, de la vidéo ou de la radio... Enfin, pour le lieu lui-même, c’est un grand courant d’air frais, une ouverture inespérée pour un travail culturel qui cherche à être en prise avec la société.